Le feeling d’aller voir un nouveau film au cinéma me manquait tellement.

Avec la majorité des sorties de 2020 repoussées indéfiniment, les occasions de revivre ça vont demeurer plutôt rares pour un bon moment.

La sortie de Tenet, le nouveau Christopher Nolan, est une lueur d’espoir, mais reste qu'on est loin d'un retour à la normale côté sortie cinéma.

Ça ne remplacera jamais l’expérience du grand écran, mais heureusement qu’on a le streaming pour nous garder occupés, nous cinéphiles.

Parce que oui, il y a quand même un bon nombre de films de qualité ayant vu le jour depuis le mois de mars. Ça serait triste de les laisser à l’oubli, dans l’ombre d’une année peu ordinaire.

Alors voici 12 suggestions de films de l’ère Covid, classés en ordre de préférence personnelle.

Évidemment, je n’ai pas vu toutes les nouveautés des derniers mois. Et avec la liste de films prometteurs qui s'amènent sur les différentes plateformes de streaming cet automne, j’aurai certainement à modifier cette liste éventuellement.

Ceux-ci sont déjà disponibles à écouter de votre salon, alors enjoy!

12. The Hunt

Réalisation: Craig Zobel
Avec: Betty Gilpin, Hilary Swank, Ike Barinholtz

Synopsis :

12 étrangers se réveillent dans un champ. Ils ne savent pas où ils sont, ni comment ils sont arrivés là. Ils ne savent pas non plus pour quelles raisons ils ont été sélectionnés pour être l'appât d’une chasse bien spéciale.

L’histoire derrière la sortie de The Hunt en est une plutôt absurde. Le film devait initialement prendre l’affiche en septembre 2019. Toutefois, après deux fusillades consécutives aux États-Unis, certains ont jugé que certains thèmes du film étaient trop controversés pour voir le jour.

L’idée de voir des gens de l’élite libérale tirer sans hésitation sur des compatriotes représentant la droite pouvait en effet sembler litigieuse.

En réalité, c’était accorder beaucoup trop d’importance à un film qui est avant tout une comédie d’action très peu dérangeante. Oui, il y a un aspect satirique, caricaturant les extrêmes politiques, mais rien pour déclencher une guerre civile.

Là où le film amène quelque chose de nouveau et d’intéressant, c’est en plaçant l’élite gauchiste américaine en tant qu'antagoniste. Il prend le temps d'amener quelques questionnements intéressants sur notre société, même si ça reste en surface.

Ça reste du pur divertissement et à ce niveau, The Hunt est tout à fait respectable.

11. The Old Guard

Réalisation: Gina Prince-Bythewood
Avec: Charlize Theron, KiKi Layne, Matthias Schoenaerts

Synopsis:

Une équipe de mercenaires immortels est soudainement prise en chasse et doit se battre pour garder leur identité secrète, au moment même où une nouvelle membre fait son apparition.

Je dois avouer avoir écouté celui-là avec un peu d’appréhension. La bande-annonce semblait vendre un film d’action bien générique avec des éléments fantastiques, une sauce qui ne prend pas toujours.

Même si ce n’est rien de révolutionnaire, The Old Guard est tout de même un meilleur film que mes faibles attentes. Un concept intéressant, de solides performances et une réalisation assez solide pour rendre le tout mémorable. Malgré certains aspects de l’histoire et des personnages qui pourraient être mieux développés, il y a quand même une certaine profondeur le démarquant d’autres films du genre.

Certains choix musicaux douteux m’ont fait sortir du film à l’occasion. Autrement, Charlize Theron est officiellement devenue la reine du "kicking de cul", et je suis entièrement down pour ça. Aucun doute qu’une suite, peut-être même une franchise, suivra pour Netflix.

10. Shirley

Réalisation: Josephine Decker
Avec: Elisabeth Moss, Michael Stuhlbarg, Odessa Young, Logan Lerman

Synopsis:

Inspiré de la vie de l’auteure de roman d’horreur Shirley Jackson. En pleine dépression, celle-ci trouve l’inspiration pour son prochain roman alors qu’un jeune couple emménage avec son mari et elle.

Je réalise la profondeur de cette liste, parce malgré la dixième position, Shirley est un film solide. Quelques-uns des films qui suivent sont du genre lent, un peu plus “artsy”. Shirley est l’un d’eux. Je ne le recommanderais pas à n’importe qui, mais si c’est votre truc, go for it.

Ça vaut le coup simplement pour les performances des deux actrices principales, la toujours excellente Elizabeth Moss et la jeune Odessa Young. Même chose pour Michael Stuhlbarg qui est devenu sans aucun doute l’un des meilleurs acteurs de soutien de sa génération.

À la réalisation, Josephine Decker réussie à brouiller la ligne entre la réalité et l’imagination du personnage de Shirley. Elle amène les thèmes du féminisme et de l'égalité des sexes de manière nuancée, ce qui est en soit rafraîchissant.

9. The Way Back

Réalisation: Gavin O’Connor
Avec: Ben Affleck, Al Madrigal, Janina Gavankar

Synopsis:

Jack Cunningham est une ancienne vedette de basketball du secondaire ayant quitté le sport et abandonnant une carrière prometteuse. Plusieurs années plus tard, il se voit donner une opportunité de rédemption lorsqu’il devient le coach de son équipe de jeunesse. Il doit toutefois combattre plusieurs démons.

Ah que je suis déçu de ne pas placer celui-là plus haut dans ma liste. Je fondais beaucoup d’espoir avec le retour de Gavin O’Connor à la réalisation d’un film de sport. Son Warrior, sorti en 2011, est encore à ce jour l’un de mes préférés du genre.

The Way Back n’atteint pas le même niveau d’excellence, mais ça reste un solide effort. Surtout grâce à une performance crève-coeur de la part de Ben Affleck, l’une de ses meilleures à mon avis.

Tout comme dans Warrior, c’est l’état psychologique du personnage qui passe avant le triomphe sportif. Ça permet de mettre de côté certains clichés du genre, surtout dans le troisième acte. Cette fin ne sera peut-être pas satisfaisante pour tous, mais elle a du moins le mérite de ne pas être prévisible.

8. First Cow

Réalisation: Kelly Reichardt
Avec: John Magaro, Orion Lee

Synopsis:

Un cuisinier ayant voyagé vers l’Ouest américain en développement se joint à un groupe de trappeurs de fourrure en Oregon. Il se lie d’amitié avec un immigrant chinois avec qui il se lance dans un projet entrepreneurial à succès.

Voilà une prémisse originale. La plus grande force de First Cow est sa perspective unique sur cette époque de découverte rustique. On y retrouve un lien avec la modernité dans la notion d’entrepreneuriat et de recherche de solutions pour se démarquer financièrement dans un monde impitoyable.

L’attention aux détails est incroyable dans la reconstitution de cette période. Tout paraît totalement authentique et l’aspect ratio de 1.37 : 1 aide à vendre cette impression. Le type de films que seul A24 est capable de produire.

Il s’agit d’un autre film très lent. Trop lent diront certains, j’en ai aucun doute. Je ne suis pas convaincu que la durée de deux heures soit justifiée non plus; quelques minutes auraient très bien pu être coupées du montage final. Malgré cela, j’ai bien aimé!

7. The Platform

Réalisation: Galder Gaztelu-Urrutia
Avec: Ivan Massagué, Zorion Eguileor, Antonia San Juan

Synopsis:

Une prison verticale avec une cellule par étage. Deux prisonniers par cellule. Une seule plateforme de nourriture descendante et deux minutes par jour pour manger autant que possible. Un cauchemar infini dans “The Hole”.

Bon, celui-ci est probablement le film qui a le moins besoin de présentation dans cette liste. Arrivant neuvième sur la liste des films originaux de Netflix les plus écoutés avec 56 millions de visionnements, je ne suis visiblement pas le seul à l’avoir vu.

Le timing pour la sortie de The Platform ne pouvait pas être plus parfait. En tout début de confinement, au sommet de l’inquiétude générale face à ce nouveau virus qui menaçait la santé publique et l’économie mondiale, les thèmes présentés dans ce film espagnol frappaient particulièrement fort. Division des classes, manque de ressources et désordre social... bref un réel cauchemar.

Subtil dans ses métaphores et son message? Absolument pas. Efficace et imaginatif? Tout à fait. Un film d’horreur sociologique qui ne laissera personne indifférent.

6. Swallow

Réalisation: Carlo Mirabella-Davis
Avec: Haley Bennett, Austin Stowell

Synopsis:

Hunter, une femme à la maison enceinte, se trouve de plus en plus tentée par l’ingestion d’objets dangereux. Alors que son mari et sa belle-famille tentent de la surveiller et prendre le contrôle de sa vie, elle doit confronter les sombres secrets derrière sa nouvelle obsession.

Que dire de Swallow? La première chose qui m’a attirée vers ce film est son look. La cinématographie, les couleurs, les décors, c’est une œuvre avec une signature visuelle très distinguée et plaisante.

Comme le synopsis peut l’indiquer, c’est aussi un film avec des images dérangeantes laissant un sentiment d’inconfort assez puissant. Non pas avec du gore explicite, mais par l’implication beaucoup plus subtile du dommage que doit causer l’ingestion d’un objet comme une punaise(!?). Un objet parmi bien d’autres qui se retrouvent dans l’estomac de cette héroïne troublée.

C’est le mystère autour de l'origine de cette terrible obsession, une condition qui existe réellement d’ailleurs, qui rend l’intrigue intéressante. Haley Bennett est une révélation pour moi dans un rôle si psychotique, fragile et complexe.

5. Da 5 Bloods

Réalisation: Spike Lee
Avec: Delroy Lindo, Jonathan Majors, Clarke Peters

Synopsis:

Quatre vétérans de la guerre du Vietnam confrontent de vieux démons lorsqu’ils retournent dans ce pays afin de retrouver le corps de leur leader de bataillon et un trésor qu’ils y ont enterré.

Je parlais de bon timing plus tôt avec la sortie de The Platform, mais que dire d’un nouveau Spike Lee au plus fort du mouvement #BlackLivesMatter. Le vétéran réalisateur, toujours très political, s’accapare encore une fois son thème de prédilection: les tensions raciales aux États-Unis.

Du moins, c’est l’impression qu’on a dans les premières minutes du film, composées d’images documentaires de moments historiques de la bataille pour l’égalité. Toutefois, ce thème n’est pas constant dans cette œuvre qui semble essayer de mélanger un grand nombre d’éléments, au détriment du produit final.

La signature de Spike Lee est bien présente, ce qui en fait tout de même un film à voir. Delroy Lindo est aussi l’un des forts aspects de Da 5 Bloods, sans aucun doute l’une des meilleures performances de l’année. Et malgré les sujets sérieux qui sont traités, ça reste un film très divertissant.

Ah, et il détient la palme de LA shot de 2020 (pour le moment):

da-5-bloods-shot

4. The King of Staten Island

Réalisation: Judd Apatow
Avec: Pete Davidson, Marisa Tomei, Bill Burr

Synopsis:

Scott est un jeune troublé depuis la mort de son père pompier. Sa consommation de drogue et ses ambitions farfelues sont mises à l’épreuve lorsque sa mère commence à fréquenter un autre pompier.

J’ai toujours eu un faible pour les films de Judd Apatow. Sous leur première couche d’humour juvénile, se trouve généralement une humanité qui en fait des œuvres qui perdurent dans le temps. Sur ce spectre humour-drame, ce dernier se trouve plus près d’un Funny People que d’un 40-Year-Old Virgin.

Les blagues y sont, mais ce n’est pas le genre de comédie qui fait rire à en être crampé. L’humour n’est pas le point de focus du film. Celui-ci se trouve plutôt dans l’évolution de ce jeune “stoner” troublé; une représentation semi-autobiographique du comédien Pete Davidson, qui a aussi co-écrit le script. Quelle excellente chimie ce dernier démontre avec Bill Burr, qui joue la nouvelle fréquentation de la mère de Davidson.

Tout comme plusieurs films d'Apatow, un dernier tour de coupure en salle de montage aurait permis au film d’être un peu plus concis. Cependant, si vous appréciez normalement les films du réalisateur, celui-là devrait vous plaire également.

3. Bad Education

Réalisation: Cory Finley
Avec: Hugh Jackman, Ray Romano, Allison Janney

Synopsis:

Le bien-aimé directeur d’une école secondaire de New York et ses employés deviennent des suspects dans le pire scandale concernant des détournements de fonds d’école publique dans l’histoire des États-Unis.

Si cette description vous laisse croire qu’il s’agit d’une histoire vraie, c’est que c’est bien le cas. Et ça en est une fascinante. Avarice, corruption et hypocrisie se cachent subtilement sous la surface dans cette petite école parfaite, jusqu’à ce que le tout éclabousse au grand jour.

Cette transition est particulièrement bien vendue par la performance de Hugh Jackman, qui passe d’un homme charismatique et aimable à un réel sociopathe de manière tout à fait naturelle. Réellement impressionnant.

La réalisation n’a rien de “flashy”, mais est extrêmement efficace. Même chose pour le montage. Un film qui ne gaspille aucun moment; j’ai été accroché du début à la fin. Sa sortie sur HBO peut expliquer pourquoi on en a si peu entendu parler, mais il mérite d’être vu!

2. Palm Springs

Réalisation: Max Barbakow
Avec: Andy Samberg, Cristin Milioti, J.K. Simmons

Synopsis:

Nyles et Sarah se rencontrent lors d’un mariage à Palm Springs. Les choses se compliquent lorsqu’ils deviennent prisonniers de cette journée, ce lieu et d’eux-mêmes.

Si vous êtes comme moi, vous avez automatiquement pensé à Groundhog Day en écoutant ce trailer. Ou peut-être était-ce un autre des nombreux films partageant ce type de prémisse. Mais ne laissez pas cette première impression vous arrêter d’écouter Palm Springs.

Certainement la meilleure comédie de 2020 jusqu’à aujourd’hui, il y ironiquement une fraîcheur qui se dégage du film. C’est tellement plaisant de dire d’une comédie qu’elle est réellement drôle. Avec l’année qu’on vit, c’est le genre d’œuvre qui fait du bien. Au travers de l’humour, il y a juste assez de questions existentielles et de profondeur pour amener le tout à un autre niveau.

Andy Samberg est le casting parfait, je ne l’ai jamais autant aimé dans un film. Cristin Milioti vole elle aussi le show, vraiment une révélation. Une petite dose de J.K. Simmons ne nuit jamais non plus. Jamais. Un coup de circuit pour une première réalisation de la part de Max Barbakow.

1. Babyteeth

Réalisation: Shannon Murphy
Avec: Eliza Scanlen, Essie Davis, Ben Mendelsohn, Toby Wallace

Synopsis:

Mila, une adolescente gravement malade, tombe en amour avec un vendeur de drogue, lui même junkie. Il s’agit d’un cauchemar pour ses parents.

Quelle surprise celui-là. Je ne m’attendais pas à autant être impressionné par Babyteeth. Je n’ai pratiquement rien de mal à dire de ce film. La cinématographie, le script, la musique… tout est superbe. C’est un pur film “indie” et j’adore. Tout ça venant encore une fois d’une réalisatrice qui en est à son premier long-métrage. Impressionnant.

Mais ce qui fait de Babyteeth quelque chose à ne pas manquer, ce sont ses personnages. Des personnages tellement bien écrits; multidimensionnels, authentiques et imparfaits. La dynamique familiale est par moment touchante, par moment hilarante, mais toujours fascinante.

J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai vraiment adoré. Un film qui passe complètement sous le radar, alors si je peux convaincre une personne ou deux de l’écouter, j’en serai bien content.

Il met ainsi fin à ce décompte de films ayant sorti dans cette ère Covid sans cinéma. En espérant retrouver les sorties en salle très bientôt!